Résumé des interventions
J. Toussaint - L'intéraction des échanges verbaux et des
manipulations d'objets dans l'évolution des référents empiriques
en mathématiques.
La situation proposée n'est qu'une partie (séance 2, sur 3) d'une
situation de résolution de problème. La solution du problème
sera une connaissance nouvelle pour les élèves. Elle apparaît
dans les termes qu'ils utilisent ; elle s'intègre dans un ensemble de
savoir-faire implicites, qui décrivent un certain référent
empirique. Ce référent s'exprime au travers des différents
registres phénoménologique (dans la parole), phénoménotechnique
(dans les actions) et phénoménographique (dans les écrits,
non visibles ici). Dans cette séance, on repère, à côté
des phases gérées par le maître, de grands moments d'articulation
(inter-action ?) entre la parole et les actions des élèves, qui
justifient ce découpage.
J. Jayez - Conséquences et transitions. Les usages de "donc"
et "alors"
Dans cet exposé, j'aborderai à partir du corpus "Math"
le problème général de l'expression de la conséquence
et de l'enchaînement des tâches à travers les mots "alors"
et "donc". Le corpus Math correspond à une leçon sur
les polyèdres réguliers. Vu le caractère très précis
(et d'ailleurs difficile) de cette notion, on peut a priori s'attendre à
ce que les relations de conséquence et de justification soient prégnantes
dans les échanges de ce corpus et que des marqueurs appropriés
y soient présents. On trouve effectivement un certain nombre d'occurrences
de "alors" et "donc", mots dont on a tendance à penser,
intuitivement, que ce sont de bons supports d'enchaînement dans la déduction.
J'étudierai, à partir du corpus et d'exemples fabriqués,
les deux questions suivantes.
(1) La différence de "force" entre "alors" et "donc".
Il a été soutenu à plusieurs reprises (Jayez, Zenone, Hybertie,
Mosegaard, Hansen, Jayez & Rossari, par ordre chronologique) que "alors"
est moins "fort" que "donc". Intuitivement, il présente
un enchaînement de conséquence comme moins rigoureux que "donc",
qui paraît plus approprié pour une déduction logique. Le
corpus manifeste la différence entre les "alors" et les "donc"
de conséquence de façon claire : il n'y a pas d'occurrence du
"alors" de conséquence (il y a d'assez nombreuses occurrences
d'autres emplois) chez le maître, et on trouve une seule occurrence chez
les élèves Malheureusement, si la différence de force fait
l'objet d'un consensus entre spécialistes comme notion intuitive, elle
se révèle aussi très difficile à représenter
de manière explicite, en particulier parce que les structures qui sont
utilisées pour représenter le raisonnement sont enthymématiques
et que, au niveau de telles structures, il ne peut pas y avoir, pour des raisons
techniques, de différence de "force". Je proposerai une hypothèse
plus précise pour rendre compte de la différence de "force",
et montrer par là-même qu'elle n'est pas fictive. Je discuterai
au passage d'un argument souvent opposé à l'hypothèse de
la différence de force, celui de l'omniprésence du "si ...
alors" dans l'exposition mathématique.
(2) Les emplois "transitionnels" de "alors" et "donc".
Ces emplois sont apparemment majoritaires dans le corpus. A la différence
des emplois de conséquence, qui correspondent à des relations
logico-inférentielles entre propositions, les emplois transitionnels
renvoient à des étapes du discours, ou, plus généralement,
de la situation. Ce type d'emploi rappelle la capacité des particules
comme "bon", "eh bien", "ben", "attends",
etc., à marquer des articulations du discours ou de la situation, d'où
certaines terminologies très répandues ("structuration",
"ponctuation"). Pour décrire les analogies et les différences
entre les marqueurs, on a besoin de préciser l'ontologie qu'on utilise,
c'est à dire les termes et les relations qui permettent de définir
ce qu'on entend par articulation, transition, etc. On rencontre alors le problème
de l'interface entre organisation et planification. Je montrerai comment on
peut , en utilisant une ontologie diversifiée, décrire la valeur
transitionnelle de "alors" et de "donc", et mieux saisir
le rôle de ces connecteurs dans le discours.
V. Durand-Guerrier and J.-L. Heraud - Définitions
et règles en mathématiques. Le mythe de la transparence.
Une tâche scolaire habituelle en mathématiques consiste à
donner une définition, des objets, et à regarder si ces objets
correspondent à cette définition. Dans la situation des Solides
de Platon, la tâche des élèves consiste dans un premier
temps à produire eux-mêmes des objets de lespace satisfaisant
la définition qui, de ce fait, fournit des règles daction
pour le sujet.
Nous montrerons que le corpus proposé fait voler en éclats lidée
commune de la transparence de la règle. Conformément à
ce quaffirme Wittgenstein, la règle est par nécessité
incomplète ; la connaître ne suffit pas pour lappliquer.
Au-delà du travail sur la compréhension verbale de la définition
qui initie la situation transcrite dans le corpus, la mise en pratique des règles
qui en découlent fait émerger de nouveaux questionnements constitutifs
dune part du fonctionnement même de la règle, et dautre
part des savoirs géométriques en jeu.