Renaissance de la
démonstration
dans l'enseignement des mathématiques aux Etats-Unis
?
par
Eric Knuth
Université du Wisconsin, USA
Il n'y a pas si longtemps, on attendait de la
démonstration qu'elle joue un rôle significatif
dans l'enseignement mathématique pour tous les
élèves de Etats-Unis. En fait, le trait
marquant des nouveaux programmes de la fin des années
50 et du début des années 60 était
l'accent mis sur la rigueur de la présentation des
idées mathématiques et sur la rigueur des
preuves en particulier (Hanna, 1983, p. 1). Ce programme a
cependant reçu son lot de critiques pour la
prolifération des preuves et leur usage dans la
pratique des enseignants. Dans une large mesure pour
répondre à ces critiques et en
considérant l'effet que les programmes pouvaient
avoir sur les conceptions de la démonstration --
voire des mathématiques -- des élèves
(aussi bien que des enseignants), les Standards pour
l'Enseignement des Mathématiques (programme et
évaluation) du NCTM (National Council of Teachers of
Mathematics) atténuaient le rôle de la preuve
dans la mathématique scolaire, choisissant en
revanche de porter l'attention sur le raisonnement (J.
Kilpatrick, communication personnelle, mars 1999). En
conséquence, les élèves ont eu moins
d'occasions d'être confrontés à des
preuves dans l'enseignement de mathématiques, et de
façon peu surprenante ont trouvé
l'étude de la démonstration difficile (e.g.,
Chazan, 1993; Sowder & Harel, 1998; Usiskin, 1987)
Cette disparition de la preuve, quoiqu'il en
soit, n'est pas passée inaperçue et a
été à son tour, en fait, la cible de
critiques. Wu (1996) a défendu l'idée que la
rareté des preuves hors de la géométrie
est le défaut manifeste des mathématiques
enseignées de nos jours dans le secondaire ; à
vrai dire il est un fait qu'en dehors de la
géométrie il n'y a pour l'essentiel pas de
présence de la démonstration.
L'éducation, certes, ne peut éviter les
anomalies, mais celle-ci est plus importante que d'autres
parce qu'elle présente une image complètement
falsifiée des mathématiques elles-mêmes
(p. 228).
De la même façon, Schoenfeld (1994)
suggère que la démonstration est une chose qui
ne peut être séparée des
mathématiques comme cela est le cas dans les
programmes ; c'est une composante essentielle de la
pratique, de la communication et de la mémoire
mathématique (p. 76). Manifestant une prise de
conscience de telles critiques, autant que reconnaissant le
rôle central de la démonstration en
mathématiques, les efforts récents de
réforme aux Etats-Unis appellent à des
changements importants à la fois dans les programmes
de mathématiques et dans les pratiques des
enseignants pour ce qui concerne la preuve.
Par contraste avec son statut dans les
précédents Standards (i.e., NCTM, 1989), la
position de la preuve a été remontée de
façon significative dans les documents des
récents Standards nationaux (NCTM, 1998) -- un
document qui a pour objet de guider la révision de la
mathématique scolaire aux Etats-Unis au cours du
prochain millénaire. Non seulement la preuve a vu son
statut révisé à la hausse au point
d'apparaître en tant que telle dans les documents les
plus récents (Mathematical Reasoning and Proof), mais
encore elle se voit attribuer un rôle bien plus
important tout au long du curriculum de mathématique
où il est attendu qu'elle soit l'un des
éléments de l'expérience
mathématique de tous les élèves. En
particulier les Principles and Standards for School
Mathematics (NCTM, 1998) recommandent que de la
maternelle à la fin du secondaire :
Les programmes de mathématiques doivent
mettre l'accent sur l'apprentissage du raisonnement et la
construction des preuves comme constituants de la
compréhension des mathématiques, de telle
façon que tous les étudiants :
- reconnaissent le raisonnement et la
preuve donne une part essentielle et puissante de
mathématiques ;
- produisent et explorent des
conjectures ;
- développent et évaluent
des arguments mathématiques et des
démonstrations ; [et]
- choisissent et utilisent
différents types de raisonnements et
différentes méthodes de preuve de
façon appropriée
(p. 80).
Il est tout à fait clair, à la lecture de
ces recommandation, que l'on attend de la preuve qu'elle
joue à nouveau un rôle significatif dans la
mathématique scolaire aux Etats-Unis. Il reste
cependant une importante question -- de celles qui ont une
conséquence sérieuse pour la mise en oeuvre de
cet enseignement : les enseignants sont-ils
préparés pour mettre en oeuvre ces
recommandations dans leurs pratiques de classe ?
Les approches envisagées pour
développer le rôle de la preuve dans la classe,
et dans le même mouvement les conceptions des
élèves de la preuve, requièrent
énormément de ressources de la part de
l'enseignant (Chazan, 1990). Et, de ce point de vue, la
formation des enseignants, traditionnellement, ne les
prépare pas pour être à la hauteur des
attentes ambitieuses exprimées dans les documents
présentant les réformes (Ross, 1998). Cette
mauvaise préparation crée en particulier des
perturbations dans le cas de la preuve, en raison des
conceptions souvent limitées qu'ont de la preuve
beaucoup de futurs enseignants (e.g., Goetting, 1995; Harel
& Sowder, 1998; Jones, 1997; Martin & Harel, 1989;
Simon & Blume, 1996). Et encore, ces recherches
n'ont-elles pas examiné les conceptions d'individus
d'abord en tant qu'enseignants de mathématiques, mais
en tant qu'ayant une compétence en
mathématiques.
Dans cette communication, je discute rapidement
les résultats d'une étude qui a
été conçue à la fois pour
traiter la question ci-dessus, et pour identifier les points
sur lesquels il est nécessaire de préparer les
enseignants pour qu'ils puissent mettre en oeuvre avec
succès les recommandations de la réforme pour
ce qui concerne la preuve (voir Knuth, 1999, 2000a, 2000b,
pour plus de détails). En particulier, je discute les
conceptions de la preuve de 18 enseignants de
mathématiques expérimentés du
secondaire, mettant notamment l'accent sur leurs conceptions
de la preuve en tant qu'enseignants de
mathématiques.
Le rôle de la preuve dans
l'enseignement secondaire des
mathématiques
Les enseignants ont suggéré plusieurs
rôles pour la preuve dans l'enseignement secondaire
des mathématiques, dont deux sont au service de
fonctions d'éducation importantes et, de plus,
rendent bien compte d'aspects de la réforme. D'abord,
les enseignants suggèrent que la preuve joue un
rôle pour répondre à la question de
savoir pourquoi un énoncé est vrai. Dans ce
cas, plutôt que d'expliquer pourquoi
l'énoncé est vrai, la preuve permet de montrer
comme il se fait que cet énoncé est vrai. Par
exemple, les enseignants considèrent le traitement
d'une expression du second degré comme une bonne
illustration de ce rôle de la preuve -- on peut suivre
la progression des pas pour comprendre comment la formule
générale est obtenue (i.e. "pourquoi" elle est
vraie). Comme l'un des enseignants l'a commenté :
"cela donne aux enfants un moyen de comprendre pourquoi les
choses sont ce qu'elles sont... au lieu de seulement
accepter [des formules] pour leur valeur faciale,
les preuves donnent [aux élèves] des
possibilités de justification des formules."
Ensuite, et d'une façon totalement
liée à la précédente, les
enseignants mentionnent le rôle de la preuve pour
favoriser l'autonomie de l'élève. Pour que les
élèves puissent être autonomes dans la
classe de mathématiques, ils doivent être
capables de créer leurs propres connaissances en
étant engagés dans leur validation, comme de
celle des connaissances prétendues par leurs
camarades. Un enseignant a suggéré que la
preuve permet aux élèves d'être des
penseurs indépendants, au lieu de n'être que
des robots à qui il est dit ceci est la relation
à considérer... c'est ça qui marche...
Les étudiants n'ont pas à s'en remettre
à l'enseignant ou à un livre pour leur donner
l'information. Encore une fois, ce rôle est important
d'un point de vue pédagogique dans la mesure
où il permet aux élèves de devenir
producteurs de connaissances et pas seulement d'être
des consommateurs des connaissances des autres.
Au-delà, ce rôle de la preuve est analogue
à l'un des buts majeurs des mathématiques
identifiés dans la dernière version des
Standards : l'un but majeur des programmes scolaires
d'enseignement des mathématiques devrait être
de créer des apprenants autonomes (NCTM, 1998, p.
35).
Il est remarquable que parmi les rôles que
les enseignants suggèrent, il manque la
reconnaissance du rôle explicatif de la preuve -- un
rôle que beaucoup de mathématiciens
considèrent important (Hanna, 1983, 1990; Hersh,
1993) -- rôle de la preuve comme un moyen de
promouvoir la compréhension des mathématiques
qui lui sont sous-jacentes. D'une certaine façon il
n'est pas étonnant que ce rôle n'ait
été mentionné par aucun
enseignant ; pour beaucoup d'enseignants l'essentiel de
leur expérience de la preuve, en tant
qu'élèves eux-mêmes, a d'abord
été focalisée sur les mécanismes
déductifs et le résultat final plutôt
que sur les relations mathématiques sous-jacentes
qu'une preuve peut éclairer (e.g., Chazan, 1993;
Goetting, 1995; Harel & Sowder, 1998). Pourtant, de tous
les rôles de la preuve, celui de promoteur de la
compréhension est probablement le plus significatif
dans une perspective éducative. Comme Hersh (1993)
l'a suggéré, au niveau secondaire ou des
premières années d'université, son
rôle premier est d'expliquer (p. 398). Ross (1998) est
allé jusqu'à suggérer que l'accent sur
la preuve dans la mathématique scolaire devrait
porter plus sur sa valeur éducative que sur sa
correction formelle. Le temps, ajoute-t-il, ne doit pas
être perdu dans les détails techniques des
preuves, ni même sur les preuves entières
elles-mêmes, qui ne conduiraient pas à la
compréhension éventuellement intuitive (p.
3).
La preuve pour tous ?
Par contraste avec le rôle central de la
démonstration dans les mathématiques comme
discipline, la majorité des enseignants ne
considère pas que la démonstration joue un
rôle central dans les mathématiques de
l'enseignement secondaire, questionnant, en fait, qu'elle
puisse être appropriée à tous les
élèves. Comme un enseignant le commente : la
démonstration est pour les enfants qui vont
poursuivre l'étude des mathématiques et qui
probablement étudieront les mathématiques dans
les premières années de l'université.
Avant la dixième année, ajoute-t-il, il n'est
pas convaincu que la démonstration joue pour les
enfants un rôle véritable. Un autre enseignant
parle abruptement de l'adéquation de la
démonstration pour tous les élèves : je
pense que les avocats de la preuve à tous les niveaux
de l'enseignement des mathématiques
s'étourdissent ; j'aimerais voir ce qu'il se
passerait, à quoi une classe ressemblerait. Ainsi,
pour ces enseignants, la preuve semble être une notion
importante pour ceux des élèves qui
s'engageraient dans des études avancées de
mathématiques et pour ceux d'entre eux qui pourraient
étudier les mathématiques à
l'université. Cette perspective est en opposition
manifeste avec le message promu par les avocats de la
réforme, soit que "le raisonnement et la preuve
doivent être une partie importante de
l'expérience des élèves de la
maternelle à la fin des études secondaires"
(NCTM, 1998, p. 85).
Beaucoup d'enseignants précisent de
façon plus fine le rôle de la preuve dans les
cours de mathématiques des grandes classes, en la
reléguant principalement dans la
géométrie. Plus encore, même ces
enseignants qui ne citent pas particulièrement la
géométrie comme lieu privilégié
pour la preuve dans l'enseignement secondaire des
mathématiques, disent que sa présence dans le
autres cours de mathématiques de niveau
supérieur est au mieux implicite, au pire
inexistante. Comme l'un des enseignants le suggère,
dans l'enseignement secondaire des mathématiques la
preuve n'occupe pas un part importante du cours
d'Algèbre ou du cours d'Analyse. Vue qui, encore, est
inconsistante avec le message de la réforme : "les
démonstrations apparaissent dans tous les domaines
des mathématiques, l'expérience des
élèves avec la démonstration ne doit
pas être limitée à la
géométrie." (NCTM, 1998, p. 316), et est de
celle qui rend pas compte de l'essence même de la
démonstration en mathématiques.
Cependant, les enseignants on manifesté
qu'ils considèrent que les preuves informelles (e.g.
les arguments fondés sur des évidences
empiriques) jouent un rôle significatif dans la
formation mathématique de tous les
élèves. Les expériences avec des
méthodes de preuve plus informelles donnent aux
élèves la possibilité de formuler et
d'explorer des conjecture -- deux aspects importants de la
pratique des mathématiques -- et peut les aider
à développer un désir
irrépressible de comprendre pourquoi une conjecture
est vraie (Hoyles, 1997, p. 8). De telles pratiques rendent
aussi compte de ce qu'est l'expérimentation en
mathématiques : la plus part des
mathématiciens passent beaucoup de temps sur des cas
particuliers qu'ils analysent ; cela suscite de nouveaux
développements théoriques et apporte une
compréhension plus profonde des théories
existantes (Epstein & Levy, 1995, p. 670). Pour beaucoup
d'enseignants, les preuves informelles sont souvent vues
comme devant satisfaire exactement cette fonction (dans les
niveaux supérieurs et, en particulier, en
géométrie) à savoir, comme
précurseur du développement de méthodes
de preuve plus formelles -- au développement
théorique. Une des professeure décrit ce
processus dans sa classe : les élèves font
cela [une expérience] très tôt
pour montrer que ça marche ; ensuite, quand nous
introduisons d'autres concepts géométriques,
nous revenons là-dessus et nous en donnons une
démonstration.
Pour ce qui concerne les étudiants des
petites classes de mathématiques, cependant, leur
rencontre avec la preuve est limitée aux preuves
informelles. Comme le commente un enseignant : quand ils
disent j'ai remarqué cette propriété et
je l'ai vérifié sur plusieurs cas, on lui dit
que c'est très bien ; pour eux, c'est une preuve, on
ne les ennuie pas avec des cas généraux. En
fait, peu d'enseignants discutent les limites de telles
preuves informelles avec leurs élèves ; on les
laissent penser que ces arguments informels sont de
véritables preuves. Comme Wu (1996) le remarque, cet
insistance sur les preuves informelles, même pour les
élèves dans les premières classes de
mathématiques, n'est un pas dans la bonne direction
que si c'est un complément à l'enseignement de
raisonnements mathématiques corrects,
c'est-à-dire des démonstrations, et un moyen
de les remplacer (p. 226).
En résumé, il est évident
que la recommandation de la réforme, la "preuve pour
tous", n'est pas une vue que la plupart des enseignants
partagent. Plutôt que de fournir à tous les
élèves des occasions de développer une
compréhension de plus en plus sophistiquée de
la démonstration (NCTM, 1998, p. 316) et une
appréciation de la nécessité et du
pouvoir de la démonstration pour établir la
vérité de leurs conjectures (p. 317), les
enseignants sont enclins à considérer ces
objectifs comme appropriés d'abord aux
élèves des niveaux supérieurs en
mathématiques -- la minorité
d'élèves qui étudient les
mathématiques dans l'enseignement secondaire. De
plus, même pour les étudiants de ces classes,
les enseignants tendent à voir la
géométrie comme le cours dans lequel ils
rencontreront explicitement des pratiques de preuve. Aussi,
si ces enseignants sont représentatifs, alors la
majorité des élèves -- ceux des classes
de niveau mathématique plus bas et ceux des niveaux
supérieurs qui ne choisissent pas la
géométrie -- auront une expérience
mathématique au secondaire qui ne comprendra pas de
rencontres significatives avec des méthodes plus
formelles de preuve.
Implication pour la formation
mathématique
Si les enseignants doivent réussir à
intégrer la preuve tout au long du cursus de
mathématique, alors leur conception de la preuve doit
être améliorée. Cette
responsabilité dépend à la fois des
mathématiciens et des formateurs d'enseignants, en
tant qu'ils sont respectivement responsables de la nature de
l'expérience que les enseignants ont de la preuve en
mathématique à l'université et dans
leur formation professionnelle.
En préparant les enseignants de
mathématiques à satisfaire les exigences de la
réforme, les professeurs de mathématique des
universités ont besoin de les engager dans des
situations, à propos de la preuve, qui rendent mieux
compte de la preuve dans leur propre pratique. Comme Alibert
et Thomas (1991) le suggèrent :
le contexte dans lequel les étudiants
rencontrent les preuves en mathématiques peut
grandement influencer leur perception de leur valeur. En
constituant un environnement dans lequel les
étudiants pourraient observer et
expérimenter directement ce qui leur est
nécessaire pour convaincre les autres, de la
vérité ou de la fausseté de
propositions, on permet à la démonstration
de devenir un instrument personnellement valorisé
qu'ils utiliseront [enseigneront] alors plus
volontiers dans le futur (p. 230).
En bref, les enseignants ont besoin d'expérience
de la démonstration comme un outil plein de sens pour
étudier et communiquer les mathématiques,
plutôt qu'un exercice souvent sans signification dont
on doit s'acquitter pour le professeur. Les
expériences du premier type peuvent même
influencer les conceptions de la preuve que les enseignants
développeront, qui à leur tour influenceront
l'expérience de la preuve que leurs
élèves auront au cours de leurs études
secondaires de mathématiques.
Il se peut que le plus grand défi que
doivent relever les formateurs d'enseignants est de changer
les croyances des enseignants sur le caractère
approprié de l'enseignement de la preuve pour tous
les élèves de toutes les classes. Un point de
départ peut être d'engager les enseignants dans
des discussions sur ce qui constitue une preuve. Est-ce que
ce qui peut suffire comme preuve dans la discipline est
différent de ce qui peut suffire comme preuve dans la
mathématique scolaire au secondaire ? Est-ce que
l'acceptation d'un argument comme preuve dépend des
pratiques d'une communauté particulière ?
Est-ce qu'une preuve est une preuve, ou y-a-t'il des niveaux
de preuve ? Si les enseignants ont une compréhension
limitée de ce qui constitue une preuve, alors il
n'est pas surprenant qu'il puissent percevoir la preuve
comme inadéquate pour la plupart des
élèves du secondaire. Demander à de
enseignants de construire et de présenter des preuves
pour des tâches mathématiques de secondaire --
tâches de divers domaines et de divers niveaux --
fournit un forum pour discuter des attentes pour ce qui
concerne la preuve vis à vis des élèves
de différents niveaux en mathématiques et
ayant diverses compétences. De plus, donner aux
enseignant la possibilité de discuter des
mérites pédagogiques de divers arguments en
relation avec une tâche en termes des qualités
explicatives de ces arguments, peut leur apporter une
perspective plus riche pour les arguments qu'ils
retiendraient pour leur propre enseignement (cf. Hanna,
1990). Engager les enseignants dans toutes ces
activités peut avoir pour résultat de leur
faire adopter une vue de preuve comme un outil pour
étudier et comprendre les mathématiques -- un
objectif convenable pour tous les élèves --
plutôt que comme un sujet d'étude en soi -- ce
qui ne serait perçu comme un objectif
approprié que pour une minorité
d'élèves.
Remarques de
conclusion
Comme Edwards (1997) l'a suggéré :
l'enseignement de la preuve mis en oeuvre dans de nombreuses
classes de mathématiques du secondaire, a souvent
été inconsistant avec à la fois
l'objectif et la pratique de la preuve tels qu'ils
apparaissent chez des mathématiciens (p. 187). D'une
certaine façon cela n'est pas surprenant : les
enseignants de mathématiques du secondaire -- tout
comme leurs étudiants -- ne sont indiscutablement pas
des mathématiciens. Bien que la nature des pratiques
mathématiques dans la classe telles qu'elles sont
envisagées par les récentes initiatives de
réforme, et dont on attend que les enseignants les
mettent en oeuvre, reflète l'essence des pratiques
dans la discipline elle même(Hoyles, 1997). Cette
vision de la pratique des mathématiques, cependant,
fait peser des exigences sérieuses sur les
enseignants de mathématiques du secondaire, et leur
succès dans la réponse à ces exigences
dépend largement de leurs conceptions de la preuve.
Au début de ce texte, J'ai posé la question
suivante : les enseignants de mathématiques sont-ils
préparés pour mettre en oeuvre les
recommandation de la réforme actuelle en ce qui
concerne la preuve, dans leurs pratiques d'enseignement ? En
réponse, je suggère que la mise en oeuvre avec
succès de telles pratiques peut être difficile
pour les enseignants. Je souhaite que les résultats
de cette étude (dont certains sont
présentés rapidement dans ce texte) offre aux
formateurs d'enseignants de mathématiques
l'information nécessaire pour mieux préparer
les enseignants à mettre en oeuvre de façon
réussie ces recommandations. Je suis totalement
d'accord avec Schoenfeld (1994) qui concluait : avons-nous
besoin de la démonstration dans l'enseignement des
mathématiques ? Absolument ! Dois-je en dire plus ?
Absolument (p. 74).
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©
Eric Knuth
Traduction
libre NB
Commentaires de Keith
Austin
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